En mars dernier, Louis Arlette a fait paraître son deuxième disque « Des ruines et des poèmes ». Très peu de temps après « Sourire carnivore », Louis Arlette s’est remis à la planche d’écriture et aux machines. C’est Philippe Paradis [Zazie, Christophe…] qui a réalisé l’album, soulageant Louis qui s’est concentré sur son interprétation. Compte tenu du fait qu’il est par ailleurs ingénieur du son et musicien classique lui-même, et qu’il a travaillé de longues années sur les disques des autres, l’on comprend qu’il ait eu envie de réaliser là un opus concentré, personnel qui reflète parfaitement ses états d’âme.
Le technicien aguerri, le fin musicien en lui ont laissé se développer l’auteur prolixe qui distille son énergie créatrice à travers les textes des 14 titres du disque. Dans une ambiance de chaos, de tourmente, sur un fond de musique electro pop-rock, Louis Arlette exprime son désenchantement devant le constat d’une terre défaite, qui ne comportera bientôt plus que « des ruines et des poèmes ». Révolte et colère tissent un climat de fin du monde autour de ses poèmes, plus dits que chantés, presque psalmodiés. La richesse de l’écriture, avec ses références littéraires nombreuses alimente l’intérêt de l’écoute. Et puis la brillante et véhémente reprise de Brel dans « Je suis un soir d’été » (cette fois chanté vraiment) entretient la diversité du disque.
La voix du chanteur étant jeune et aussi charismatique que celle de Gaétan Roussel, l’on accroche tout de suite à ses propos, à ses poèmes. Je conseille très vivement l’écoute de ce disque très évocateur de ce dandy, cet esthète que l’on sent très exigeant avec lui-même, au point de se livrer sans fards et sans ambages.
Annie Claire 13.06.2019