Bertrand Betsch « J’ai horreur de l’amour »

 

On ne compte plus les albums de Bertrand Betsch, il va bientôt atteindre la vingtaine [de disques, pour les années il a déjà atteint la cinquantaine]. Celui-ci est résolument dark. « J’ai horreur de l’amour« , annonce t-il. Voilà qui est clairement affirmé, pas de lueur d’espoir cette fois, à force de vivre dans ce monde de non sens, de non liberté, l’homme ne s’en sort qu’avec des anti-dépresseurs à court terme et sous le sort de la faucheuse à coup sûr. Alors tôt ou tard, fatigués et rompus, résignons-nous à quitter ce monde infernal.

Bertrand Betsch, dont on connait par ailleurs le talent d’auteur et de musicien ainsi que les qualités humaines, commet ici un plaidoyer pour la mélancolie poussée à son paroxysme. Et d’énumérer le besoin d’amour, les dérives au long cours, les tricheries, pour justifier le triomphe du désespoir. Aimer c’est voler / Aimer c’est tricher / Aimer convoler / Aimer ultraviolet. Le tableau est sombre et funeste, mais l’humour du chanteur, si noir soit-il, se fait sentir en filigrane et fait de cet opus un brillant exercice d’autoflagellation poétique et mélodique.

Bertrand Betsch signe textes et musique, il a réalisé les arrangements, l’enregistrement, le mixage. Les coups d’éclat du violon sur Ultraviolet et En dessous sont de Salomé Perli. L’élégante présentation de l’album en quatre volets est parsemée à l’intérieur de gélules stylisées, ce qui est un clin d’oeil à l’industrie pharmaceutique, quand on sait que l’artiste a travaillé dans un labo connu pour son psychotrope pour financer son album. Au lieu de ces pilules, je recommande moi d’écouter du Bertrand Betsch, car il décrit notre monde avec pertinence et réalisme et toujours de bien belles mélodies. De plus les effets secondaires se maîtrisent fort bien…

Annie claire

23.02.2022

 

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