ERYK.e « Alaska »

Second opus pour Eryk Eisenberg, après un album « Seize » très remarqué, qui a fait couler pas mal d’encre et de larmes. Celui-ci est tout aussi romantique, inspiré par une poésico-philosophie calme et mature de l’existence humaine. Si le temps ne fait rien à l’affaire, il préoccupe beaucoup et incite les poètes à distiller des grains de sable l’ inexorable chute vers le bas. Le piano très classique d’Eryk égraine ses instants insaisissables, tandis que la voix habitée de Gaëlle Cotte vient ajouter une touche d’irréel à celle, plus ancrée du chanteur. Cette voix masculine est douce, ferme et mélodieuse, elle ne lâche pas le fil, l’attente, le suspens.

Vous avez lu classique, c’est bien la forme de cette oeuvre qui commence en beauté avec un poème de Victor Hugo que nous avons tous en tête. « Elle avait pris ce pli« , [Léopoldine], « dans son âge enfantin, de venir sans ma chambre, un peu chaque matin… » D’autres mots sont empruntés à Verlaine et cette facture romantique nous fait penser à Dominique A pour la douceur et à Sylvain Giro pour les images sous jacentes. Car l’écriture d’Eryk est suggestive, à la fois de situations et d’émotions. La partition du piano fait appel à Bach ou Chopin, mais l’interprétation en reste libre et personnelle.

En effet, l’artiste voyage au fil des mystères, sur le fil de l’humain, des incertitudes et soubresauts de la vie. Ce n’est pas si joyeux, ce périple de l’âme, mais cela donne à réfléchir. Ce qui est sûr, c’est que c’est de liberté que nous parle Eryk.e. Chacun chemine dans son pays, dans son univers, avec ses trompettes, ses couleurs d’yeux et sa sensibilité. Nous parler de profondeur pour en appeler à la légèreté, voilà le propos de l’auteur qui nous laisse là un travail bien ciselé, avec ses musiciens, Lézard, Alexandre Perrony, Julien Quinet (aux cuivres).

Il paraîtrait que le chanteur soit aussi médecin dans la vie, cela ne m’étonne pas, lui qui jette un oeil empli d’aménité sur ses congénères, et qui semble vouloir adoucir les tourments. En matière de musique, son détachement plutôt avant-gardiste produit une pop acoustique cultivée et raffinée, que personnellement j’apprécie beaucoup. Et vous ??  c’est en écoute ici-même.

Annie Claire 22.10.2018

 

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