Leïla HUISSOUD « Auguste »

Leïla Huissoud ©annie claire

En piste pour un tour de chant, Leïla Huissoud s’élance dans le manège pour délivrer les douze titres de son nouveau CD « Auguste ». Les allusions à l’univers circassien sont nombreuses, directes ou indirectes. Auguste c’est le clown, celui qui n’est pas blanc. Auguste c’est sa posture à elle, très jeune chanteuse qui n’a pas froid aux yeux. Elle ose même répéter dans le refrain de « Le vendeur de paratonnerres » avec ce con de Georges Brassens. Bon, qu’elle soit espiègle, du haut de sa petite stature et sa drôle de voix en équilibre, nous le savions déjà. Mais qu’elle joue la sale gosse de la chanson en égratignant quelques standards de la chanson à texte, ça nous le découvrons quand, par exemple, elle s’écorche la voix sur le premier morceau plutôt ravageur. Le dernier n’est pas mal non plus dans le genre.

Après son premier CD « L’ombre », très différent car enregistré en piano/voix, voici donc un opus très coloré, plein d’énergie, de musiques tonitruantes. Beaucoup d’instruments sont convoqués et la chanteuse aborde des thèmes de la vie avec hardiesse. C’est charmant, tendre, et cette fraîcheur qui la caractérise nous font lui pardonner ses imperfections. La voici qui visite tour à tour l’atmosphère familiale, dans « Jolies frangines » elle ose lancer un clin d’oeil à Starmania (on se cajole…), l’amour avec « Un enfant communiste » où, en vrai duo (ils chantent ensemble) avec Mathias Malzieux, ils martèlent un texte cru sur des accords de l’internationale.

Il faut découvrir l’intégralité de ce disque enregistré avec talent sur le fil de la créativité de cette jeune artiste capable d’écrire de presque aussi beaux textes que Giani Esposito (♫ S’accompagnant d’un doigt… le clown se meurt), en tout cas nous faisant applaudir son exercice d’apprentie équilibriste de scène. Cette chanteuse nous est sympathique, elle ne se prend pas au sérieux « Ch’uis foutue comme un mobile« , elle ne donne pas de leçon (si si ça arrive même chez les tous jeunes). J’irais jusqu’à dire que l’étrangeté et les prouesses de sa voix ajoutent à la délicatesse dont elle fait preuve dans cet opus. Le titre « Les tours de rond-point » est particulièrement ciselé et représente bien la chanteuse dans ce dernier ouvrage. Et voici un peu de son pour illustrer ce long discours, ici.

Label 440 – MAD – PIAS – Jaspir – Adami… ils sont nombreux à croire en Leïla Huissoud comme moi. Annie Claire 01.09.2018

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